Arctique : la banquise d’été au deuxième plus bas niveau jamais observé

Selon les observations satellites, le minimum de la banquise estivale a été atteint le 15 septembre, avec 3,74 millions de kilomètres carrés.

22 septembre 2020 à 9h48 par Arnaud Joly

Crédit : Le Parisien

La banquise d'été en Arctique s'est réduite en 2020 à la deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012, selon des observations satellites annoncées lundi par le National Snow and Ice Data Center aux Etats-Unis.


La banquise est la glace qui se forme sur l'eau. Tous les ans, une partie fond l'été et se reforme l'hiver, de façon normale. Mais avec le réchauffement climatique, elle fond de plus en plus l'été, et sa superficie hivernale se réduit aussi. Les satellites observent de façon très précise ces superficies depuis 1979, et la tendance à la réduction est nette.


Cette année, le minimum de la banquise estivale a été atteint le 15 septembre, avec 3,74 millions de kilomètres carrés, selon le centre, dont les annonces à la fin de chaque hiver et de chaque été font référence. C'est seulement la deuxième fois, depuis le début des relevés satellitaires en 1979, que l'étendue de la banquise arctique plonge sous la barre des 4 millions de kilomètres carrés, note Le Monde.


Vers un océan Arctique « sans glace saisonnière »


« L'année a été folle dans le nord, avec la banquise presque au niveau le plus bas jamais vu, des canicules […] en Sibérie et des immenses feux de forêts », a déclaré Mark Serreze, son directeur.


« Nous nous dirigeons vers un océan Arctique sans glace saisonnière », a-t-il déploré. La fonte de la banquise ne contribue pas directement à la hausse du niveau des océans, puisque la glace est déjà sur l'eau. Mais elle y contribue indirectement, car moins il y a de glace, moins les rayonnements solaires sont reflétés et plus ils sont absorbés par les océans, ce qui les réchauffe.


« La faible couverture de la banquise cette année est pile dans la tendance de déclin observée depuis quatre décennies », ajoute Claire Parkinson.


Une réduction de la banquise plus marquée depuis 1996


Les preuves du rétrécissement de la glace, en superficie et en épaisseur, sur mer et sur terre et dans les glaciers, en Arctique et en Antarctique, s'accumulent de façon indéniable, même si les rythmes diffèrent d'un endroit à un autre.


Ainsi, la banquise antarctique a vite fondu pendant trois ans jusqu'en 2017, mais ces dernières années, elle a un peu repris, sans qu'on comprenne vraiment le phénomène. Dans l'Arctique, la réduction est plus marquée depuis 1996 par rapport à la période précédente, note Claire Parkinson, même s'il y a des variations d'une année à l'autre.


La banquise du nord risquerait même de disparaître plus vite que ce que les modèles climatiques prédisent, ont jugé des chercheurs dans une étude publiée par la revue Nature en juillet.


Le monde déjà plus chaud de 1°C


Cette disparition bouleverse l'écosystème (les ours en dépendent pour attraper les phoques) et le mode de vie des Inuits au Groenland.


« À cause de la fonte de l'Arctique, l'océan va absorber plus de chaleur, et nous finirons tous par être exposés aux effets dévastateurs du dérèglement climatique », a réagi Laura Meller, de Greenpeace, qui se trouve à bord d'un navire parti de l'archipel norvégien de Svalbard et était lundi au bord de la glace.


L'an dernier, les experts climat de l'ONU (Giec) ont adopté un rapport sur les océans et la cryosphère (banquise, glaciers, calottes polaires et permafrost), avertissant des catastrophes en chaîne d'un monde plus chaud de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. La planète en est déjà à +1°C.